Naomi TOTH, LĠƒcriture vive. Une phŽnomŽnologie de la perception selon Virginia Woolf et Nathalie Sarraute.

Virginia Woolf et Nathalie Sarraute dŽfinissent lĠobjet de la littŽrature comme Žtant la saisie de la Ç vie È, qute qui implique un renouvellement profond des modalitŽs de la perception solidaires de la forme littŽraire. Ainsi leur Žcriture invite ˆ une confrontation avec les concepts phŽnomŽnologiques de la perception, tels lĠintentionnalitŽ, la chair, et les rapports entre visible et invisible, qui conditionnent le statut du sujet et du savoir chez Husserl et dans leur rŽŽlaboration par Merleau-Ponty. Lire les reprŽsentations de la perception chez Woolf et chez Sarraute avec la phŽnomŽnologie permet dĠinterroger ces mmes concepts, et Žclaire la spŽcificitŽ de leur pensŽe littŽraire de la perception. Rejetant lĠopposition entre le sujet et lĠobjet ainsi quĠun rapport positiviste au visible, leur Ïuvre, tant au niveau des essais que des romans, dŽcrit plut™t le dŽsir dĠun rŽgime perceptif caractŽrisŽ par le contact avec le monde, et reprŽsente le sujet comme seuil ou interface. Ce contact est pourtant toujours diffŽrŽ, dŽpassŽ dĠun c™tŽ par la reprŽsentation de la Ç vie È comme ŽlŽment immanent en excs, et travaillŽ par les puissances du nŽgatif inhŽrentes au pathos de la perception que les deux auteurs explorent de lĠautre. Ainsi toute unitŽ du corps et du moment prŽsent sont chez elles fragmentŽes, et la Ç vie È quĠelles recherchent dans la littŽrature sĠavre ds lors lĠeffet aussi bien que lĠobjet de lĠŽcriture. Cette Žcriture vive, dans leur pensŽe littŽraire de la perception, aboutit de faon singulire pour chacune, ˆ ce que lĠon peut nommer une phŽnomŽnologie de lĠinvisible.